La liste de mes envie / Grégoire Delacourt

Bestseller 2012, je viens de faire connaissance avec un roman tout simple, qui raconte l'histoire d'une femme qui mène une existence modeste, voire plutôt dure et triste en apparence, et qui gagne 18 millions à l'euromillions... effrayée par les conséquences d'un tel gain, elle préfère le cacher et évaluer la situation d'abord.

Elle commence par établir la liste de ses besoins... un tapis de douche, un économe, une centrale vapeur... ces petites choses, ces achats que l'ont remet à demain, ceux pour lesquels on compare les prix... que serait le vrai luxe ? Ce serait de tout pouvoir acheter le même jour sans réfléchir... Mais à combien s'évaluent en réalité nos besoins ? 4 000, 5000 €uros ? Quand on en possède 18 millions...

Elle établit alors sa deuxième liste, celle de ses envies... un week-end à Londres, la collection des James Bond en DVD pour son Jo, allez même une Porsche Cayenne... 100 000 €uros peut-être ? Et puis quoi ?

Voyons du côté des envies les plus folles... retrouver sa mère -morte alors qu'elle avait 17 ans-, soigner son papa de la maladie d'Alzeihmer dans laquelle il est coincé pour 6 minutes toutes les 6 minutes, revivre son premier baiser... mais ça, ça n'a pas de prix.

Alors finalement à quoi ça sert 18 millions d'euros, si ça change le regard des gens, si ça change les moments du quotidien que l'on a construit et que l'on aime, que devient-on quand on a réalisé toutes ses envies et satisfait tous ses besoins ?

Est-ce que le bonheur a un prix ? et lequel ?

Ce livre est fait de sentiments, et même si le sujet est facile et la moralité peut-être un peu simple, cela explique certainement son succès... aucune pudeur dans l'écriture, des faits, qui nous parlent... "deux enfants vivants et un cadavre" qui peut écrire ça ? Qui peut écrire que la vie est un mensonge sans que cela nous interpelle ?

Oui ça interpelle, ce livre il nous parle, la simplicité de la vie, l'acceptation du "moyen" ou de l'horrible, parce que la vie c'est ça... Un livre qui plait autant qu'il dérange. Qui ose dire que l'argent fait le malheur ? L'argent reste tabou... combien en faut-il pour que ce soit suffisant ? honnête ? décent ?

Quelle différence entre l'argent que l'on mérite et celui que l'on nous offre ? Est-ce que le bonheur de s'offrir une robe est le même quand on hésite, que l'on tourne, que l'on revient, que quand on signe son chèque avec désinvolture au premier regard ?

Personnellement je ne joue pas au loto... 

Si je devais dresser la liste de mes besoins... j'aurai peur qu'elle soit vide. J'ai la chance de pouvoir répondre matériellement à mes "besoins".

Si je devais dresser la liste de mes envies j'y inscrirai quelques voyages, une cuisine d'été, de belles soirées avec mes amis, quelques travaux dans ma modeste maison, une paire de bottes.

Alors, j'imagine que 100 000 euros feraient de moi une femme heureuse, et que 18 millions m'embarrasseraient car je ne souhaite absolument rien changer de ma vie, ni des gens qui m'entourent, car je veux vivre de projets, toujours...

Ce livre a été, je l'espère, un succès car il aura rappeler aux lecteurs d'être heureux... et il n'y a qu'une seule recette à ça : "si tu veux être heureux... sois-le !!"

"A la maison, je relis la liste de mes besoins et il m'apparaît que la richesse serait de pouvoir acheter tout ce qui y figure en une seule fois, de l'économe à l'écran plat, en passant par le manteau de chez Caroll et le tapis antidérapant pour la baignoire. Rentrer avec toutes les choses de la liste, détruire la liste et se dire ça y est, je n'ai plus de besoins. Je n'ai plus que des envies désormais. Que des envies. Mais ça n'arrive jamais. Parce que nos besoins sont nos petits rêves quotidiens. Ce sont nos petites choses à faire, qui nous projettent à demain, à après-midi, dans le futur ; ces petits riens qu'on achètera la semaine prochaine et qui nous permettent de penser que la semaine prochaine, on sera encore vivants. C'est le besoin d'un tapis de bain antidérapant qui nous maintient en vie. Ou d'un couscoussier. D'un économe. Alors on étale ses achats. On programme les lieux où l'on va se rendre. On compare parfois. Un fer Calor contre un Rowenta. On remplit les armoires lentement, les tiroirs un à un. On passe une vie à remplir une maison ; et quand elle est pleine, on casse les choses pour pouvoir les remplacer, pour avoir quelquechose à faire le lendemain. On va même jusqu'à casser son couple, pour se projeter dans une autre histoire, un autre futur, une autre maison."

(Editions le Livre de Poche - 6,90 €uros)